Courir
Jean EchenozÉmile Zátopek à 17 ans lorsque les Allemands envahissent la Moravie. Il travaille alors comme ouvrier dans l'usine de chaussures Bata à Zlín. Son entreprise, à des fins de publicité, force ses jeunes employés à participer à une course à pieds locale, dans laquelle le jeune Zátopek figure en bonne position. Peu de temps après, lors de sa première réelle course organisée par l'occupant pour faire s'affronter une équipe allemande issue de la Wehrmacht contre une sélection tchécoslovaque, il finit deuxième et se fait remarquer par un entraineur du club de Zlín, autant par son style peu orthodoxe que par le résultat. Pris en main et malgré ses premières réticences vis-à-vis de la course, qu'il n'aime alors pas trop mais qu'il pratique pour faire plaisir à son entourage, il commence à gagner ses premiers 1 500 et 3 000 mètres. Émile Zátopek qui s'est durement entrainé durant les années de guerre et a remporté des championnats régionaux, assiste à la débandade allemande et à l'arrivée des Russes dans son pays.
La guerre finie, Émile Zátopek doit maintenant faire son service militaire pour son pays libéré. Il participe alors à divers championnats militaires nationaux et internationaux, à chaque fois en se faisant remarquer par son style, même s'il n'obtient que des accessits, et en améliorant certains records nationaux. Sélectionné par son pays pour les Championnats d'Europe de 1946 à Oslo, sa première grande course internationale, il doit affronter notamment le Finlandais Viljo Heino et se classe 5e du 5 000 m, battant une nouvelle fois son record. Après une première victoire majeure au championnat inter-armée à Hanovre lors de laquelle le public hétéroclite s'enflamme à sa performance (il prend un à deux tours à tous les concurrents), il est promu lieutenant. Décidé à s'entrainer seul dans des conditions rudes, il améliore mois après mois ses records sur toutes les distances du fond. Il fait alors la rencontre de la lanceuse de javelot Dana qui deviendra sa femme. Il participe aux Jeux olympiques de Londres de 1948 remportant le premier titre olympique de son pays sur le 10 000 m et l'argent sur 5 000 m. Ces victoires déterminent le début de sa gloire et de sa domination pour 10 ans sur la discipline accumulant titres et tous les records du monde sur toutes les distances du 1 500 m au 30 000 m.
Devant s'adapter à la chape de plomb qui s'abat petit à petit sur son pays, Émile Zátopek n'est progressivement autorisé qu'à courir dans des pays amis, à l'est et très encadré par des officiels qui contrôlent ses faits et ses déclarations, à l'exception du « cross de l'Humanité » organisé en en France par le journal communiste. Il arrive en 1952 comme le grand favori des épreuves de fond des Jeux olympiques d'Helsinki. Avec le dossard 903 aux couleurs rouge de son pays, il réalise alors l'un des plus grands exploit de l'histoire de l'athlétisme, toujours inégalé, en remportant trois titres sur 10 000 m, 5 000 m, et sur le marathon où il s'aligne pour la première fois de sa carrière. Fêté en héros de retour dans son pays, il est promu commandant et sert d'objet de propagande pour le régime communiste qui le montre dans les villes et les usines comme le résultat vivant de la supériorité de cette doctrine. Cependant à partir de 1954, les années commencent à peser sur ses résultats, et Émile Zátopek commence à moins dominer ses épreuves, perdant des courses, dominé notamment par l'arrivée du jeune russe Volodymyr Kuts. N'obtenant aucun médaille lors des Jeux olympiques de Melbourne, il décide de raccrocher les crampons et de devenir entraineur dans son pays.
Lors du Printemps de Prague, alors qu'il tient un poste dans l'administration, il prend la parole pour soutenir les manifestants contre l'invasion soviétique : renvoyé du Ministère, exclu de l'armée et radié du parti, il est expulsé de Prague (et éloigné de sa femme) et contraint de travailler durant six ans comme manutentionnaire dans la mine d'uranium de Jáchymov. En 1974, il est autorisé à rentrer dans la capitale pour travailler comme éboueur dans les rues de la ville ; ce qui ne va pas rapidement sans poser des troubles d'ordre public, la population outrée le reconnaissant et refusant qu'il se livre à cette activité. Il devient un temps chargé de travaux de terrassement puis « géologue » chargé de l'installation des poteaux télégraphiques avant de devoir s'engager par écrit à renier ses positions politiques de 1968 pour obtenir un poste d'archiviste dans la Centrale d'information des sports où il finira sa vie active.
Idioma Francés
Publicación 2008 (2012)
Editorial Les Éditions de Minuit
Categoría Narrativa
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